Sa seule épouse – Peace Adzo Medie

Premier roman de cette année 2024 : His only wife de l’auteure d’origine ghanéenne Peace Adzo Medie.

Sa seule épousegravite autour d’un mariage arrangé qui a été célébré traditionnellement, sans la présence du mari qui était en déplacement professionnel.

C’est étrange d’être mariée à un homme que je ne connais pas. — Afi

C’est l’histoire d’une jeune femme ghanéenne qui perd son père dans sa jeunesse et se retrouve à la rue avec sa mère après avoir été rejetées par sa famille paternelle. Dans leur période de galère, elles rencontrent une femme, la reine mère de la riche famille nommée Ganyos. Cette dernière devient leur bienfaitrice sans savoir que son aide est en réalité, une sorte de dette dans leur vie. Plus tard, la jeune Afi se retrouvera mariée à l’un des fils des Ganyos, qu’elle n’a jamais rencontré et ne rencontrera pour la première fois que quelques semaines après leur mariage.

Bien que nous étions entourés d’une grande famille, nous n’avions personne. – Afi

Le livre Sa seule épouse dépeint une réalité encore présente et exaspérante dans certaines sociétés africaines. En le parcourant, il est impossible de ne pas identifier deux ou trois membres de sa communauté. Entre :

  • la tante dont l’aide devient une dette à perpétuité avec une éventuelle conséquence. Celle d’être rejetté.e en cas de refus de se plier à ses exigences.,
  • l’oncle indifférent à sa nièce orpheline jusqu’à ce que cette dernière réussisse et qu’il commence à réclamer sa position de « père » dans la vie de ladite jeune fille,
  • les belles-sœurs qui sont super cool tant que tu marches tel que la belle-maman exige,
  • et les familles qui t’obligent à prendre des décisions sur ta propre vie sur la base de « qu’est-ce que les gens vont penser et dire de nous »..
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Mais pourquoi ”Sa seule épouse” ?

Le mari d’Afi, pour plaire à sa mère, a épousé Afi, même s’il aimait déjà une autre femme, une Libérienne, avec qui il entretenait une relation depuis des années. Les situations découlant de ce choix me poussent à réfléchir sur un point.

  • L’incapacité qu’ont certains adultes à dire non à leurs parents, car cela est synonyme de rébellion dans certaines sociétés. Cependant, cette incapacité crée souvent des frustrations à long terme et finit malheureusement par avoir des conséquences sur nos relations avec les autres.

Parfois je ne comprenais pas les colères qu’Afi nourrissait envers cette femme, celle que son mari aimait. Toutefois, en replaçant mon regard dans le contexte de la coutume, j’ai pu comprendre la légitimité de ses réactions. Afi était officiellement SA FEMME, celle qui avait été mariée selon la coutume. Celle qui avait reçu la bénédiction des deux familles. Les Ganyos, détestant cette Libérienne, la décrivaient comme peu séduisante, rebelle, manipulant leur frère et fils.

Cela m’a fait réfléchir à l’importance accordée à ce que les gens disent sur les autres. Crois-tu toujours ce qu’on te dit sur X ou Y ? Ou laisses-tu une marge d’erreur dans les ragots qu’on te raconte à leur sujet ? Car des pages plus tard, on découvre que les propos de Ganyos sur cette Libérienne étaient loin de la vérité et de la réalité.

Par ailleurs, j’ai été enchantée par l’impression que j’avais de me balader dans Accra sans y avoir été. Cette sensation m’a rappelé le livre de Maya Angelou, « Un billet d’avion pour l’Afrique ».

En somme, ce livre est un rappel que l’on ne peut pas forcer quelqu’un à nous aimer ou à nous choisir.

 Ma note : 9/10.

Commentaire : captivant, bien qu’en toute honnêteté la fin m’ait attristée.

PS : j’ai lu la version anglaise du livre.

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